Pourquoi un signopaginophile a t il fait du marque page sa passion ?
Cet objet usuel et commun que nous croyons connaitre, recèle au delà de sa beauté, des attraits et des utilités insoupçonnés.
D’ailleurs, les collectionneurs aiment, en toute simplicité, échanger leurs trouvailles tout en vous faisant découvrir cet objet aux richesses inattendues.
La marque du rêve est là, à la bonne page…
« Collectionner les marque pages, c’est pour la beauté de l’objet, instructif, passionnant et convivial » aime à dire Annick, signopaginophile.
« C’est toujours un grand bonheur d’en dénicher et, ainsi, de découvrir des événements, des livres, des faits culturels ou historiques… »
Ce commentaire d’Annick reflète bien les ressentis des collectionneuses et collectionneurs. D’ailleurs, certains marque pages sont de véritables œuvres artistiques mettant en valeur le sujet présenté. On en trouve de découpés amplifiant ainsi le phénomène créant par là même une originalité à bon escient. De plus, certains, en les juxtaposant, constituent des puzzles ressemblant à de véritables tableaux, dynamisant l’effet. L’esprit publicitaire des concepteurs de ce produit va jusqu’à associer le marque page à une carte, un flyer, une brochure, etc. Pour les collectionneurs, cela devient un duo.
En effet, si la première fonction du marque page est, évidemment, de marquer la page, son rôle désormais principal est publicitaire. Outre les éditeurs, qui en sont par nature la manne prépondérante, on y trouve des annonces pour des théâtres, des expositions de toutes sortes, des mises en valeur du patrimoine (lieux touristiques, personnalités, etc.), et bien d’autres…
Dans le temps, ils avaient une fonction supplémentaire. Les collectionneurs, s’ils ont des anciens, vous montreront qu’ils étaient plus rigides que maintenant, car ils servaient à découper les cahiers, en termes de reliure, qui, à l'époque, n'étaient pas massicotés.
S’y retrouver dans ce dédale, c’est bien sûr une question de catalogage. Annick, par exemple, les met dans des classeurs, réservant les boîtes pour, dans leur jargon, les doubles. Ils sont répertoriés, pour les livres, par éditeur ; sinon c’est par thème (médiathèque, théâtre, musée, salon du Livre, cinéma, tourisme, sport, etc.). Les étrangers sont toujours classés à part. Avec 60 000 exemplaires répartis en 175 classeurs, cela nécessite presque une pièce !
« Échanger des marque pages, ça crée des rencontres. »
Annick m’a souvent répété cette phrase. Ayant eu l’occasion de contacter ses collègues à plusieurs reprises, je peux toujours affirmer que l’ambiance est chaleureuse et sympathique.
Pour les collectionneurs, la chasse à son objet de prédilection est nécessairement sa première tâche. Il leur faut hanter les librairies, les bibliothèques, les lieux culturels, les offices de tourisme, et j’en passe… « Si c’est quelquefois fastidieux, c’est souvent agréable et instructif ; et il arrive qu’on dialogue avec les employés en partageant des expériences », m’ont-ils indiqué à plusieurs reprises en des termes à peu près identiques. De plus, cet objet de prédilection, ayant au fond un caractère publicitaire, est souvent gratuit.
Aujourd’hui, c’est aussi en navigant sur la toile qu’ils se procurent ce type, disons classique, de marque‑page. De même, des réseaux, la plupart du temps informels, naissent et se développent ; des amitiés s’instaurent, des rencontres physiques arrivent à s’établir, la passion du marque-page s’enrichit… Les médias numériques ou traditionnels en parlent. Ainsi, des têtes nouvelles apparaissent attirées par les graphismes, surtout lorsqu’ils rivalisent de beauté. La toile humaine s’élargit.
Tout naturellement, certains veulent se retrouver réellement lors de bourses d’échanges. « Là, dans une ambiance très conviviale, en plus d’accueillir des nouveaux, on passe la journée à échanger nos doubles sans monnayer quoi que ce soit ; le principe est habituellement de 1 contre 1 », comme me l’a confirmé, à chaque fois, l’ensemble des participants. Leur regret, c’est qu’il y en ait très peu. Dans notre Sud Ouest, la seule qui existe est à Muret où même ceux du Nord et de l’Est de la France se déplacent, et quelquefois de l’étranger. « C’est, précise Annick, mon mari, Yves, non collectionneur mais ancien libraire et travaillant toujours dans le domaine littéraire, qui a monté ce salon en y adjoignant un espace autour du livre ; ainsi, je peux me consacrer pleinement à la partie signet (ou marque-page). De plus, nous avons l’honneur d’avoir, chaque année, un puzzle événementiel créé par F.R. Gastou, artiste, fondateur et ancien directeur à la retraite, du Centre de l’Affiche de Toulouse. »
Lors de ces manifestations, bien entendu associées souvent à celles de livres, les participants en profitent pour aller discuter avec des éditeurs ou d’autres exposants. À côté des mots, ils découvrent, magnifiées par ces communications directes, de nouvelles iconographies qui sont susceptibles d’agrémenter les marque-pages. Oui, feuilleter, sentir sous ses doigts le papier supportant ces symboles imprimés ou ces images qui nous font rêver, crée une particulière et irremplaçable sérénité. Oui, la plupart des signopaginophiles pensent que, malgré le numérique, nécessaire quotidiennement, le papier, de préférence beau, gardera une certaine indispensable place.
Alors, oui, le marque page saura encore traverser le temps et aura toujours sa place intimiste, marquant les pages de nos vies.
Yves COT
©labri-cot
[1] : Salon du Signet et du Livre (Muret-31) ; www.labri-cot.eu
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