« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, ». Ce vers de Joachim du Bellay, Jacques l’avait souvent en tête le matin sur le quai de la station de métro. Alors, il se mettait à rêver “d’ailleurs” ou, peut-être, de lui. Et, ainsi il se retrouvait dans ses livres, dans sa littérature.
Dans la préface de la nouvelle édition « Les cendres dAngela » de Frank McCourt, Colum McCann écrit : « La littérature rend d’autres vies possibles. […] Au fond, elle nous demande aussi de découvrir notre infinité. ». Au-delà des apparences, ce besoin viscéral de se connaître, on en rêve tous de faire ce voyage. Et alors, on y met des mots, des phrases ; en fait, c’est l’essence d’un livre. Comme Jacques, plongeons-y ou, au moins, dans des textes de chansons. Laissons nous bercer par ces musiques, ces vers. Peut-être, pensons à cet autre Jacques, portant le nom de Brel, avec ces paroles « Rêver un impossible rêve. […] Atteindre l’inaccessible étoile. […] Je ne sais si je serais ce héros, mais mon cœur serait tranquille ».
Notre personnage se rappelait ses besoins de liberté d’aventures avec ce dialogue dans 20000 lieues sous les mers de Jules Verne : « On se croirait devant un aquarium.
- Non, répondis-je, car l'aquarium n'est qu'une cage, et ces poissons-là sont libres comme l'oiseau dans l'air. »
Aujourd’hui, il est conscient que ces sensations l’ont préservé et l’ont aidé quand il était au chômage, habitant dans un studio entre un “hyper” et une autoroute. Pour cela après les études au lycée, où il se souvient, entre autres d’une citation de Socrate («La sagesse commence dans l’émerveillement. »), il dévora les livres. Celui sur la survie (“Le voyage d’Anna Blume” de Paul Auster) lui est le plus emblématique. Mais surtout avec le terrorisme, il sut ainsi “élever le débat” en lisant ce que les écrits diffusaient sur la tolérance. Pour l’instant, je me bornerais à citer “Le Traité sur la Tolérance” de Voltaire, toujours d’actualité.
Pour ses bouquins, il tâche d’avoir des choix les plus éclectiques possible pour découvrir les horizons du monde. Et, il s’immisça dans la S.F. en ne citant qu’Isaac Asimov, Ray Bradbury ou George Orwell. Tout en y retrouvant, avec candeur, son désir d’évasion il avait le sentiment qu’il pouvait appréhender notre société en se projetant dans le futur. Le polar, avec par exemple Gorges Simenon, Agatha Christie ou Mary Higgins Clark, le délecta, car, à côté du morbide, il y a toujours le sublime.
Il eut une pensée toute particulière pour le regretté Jean d’Ormesson avec sa vision du monde toute en finesse ne cachant pas la réalité derrière sa joie de vivre et son sourire. Cet auteur aiguisa son imagination par ses nombreuses évocations de la Douane de Mer de Venise, de cette Ville de l’âme humaine aux milles extravagances où “tout est encore possible”. Cette dernière invite met en évidence l’importance des romans du terroir, de nos références locales qui peuvent être magnifiquement intégrées dans des œuvres dites de “Littérature Générale”. J’en voudrais pour référence Frédéric Mistral, prix Nobel, alors que ses écrits sont en Franco-Provençal, langue qualifiée de provinciale.
« Le monde est un livre dont chaque pas nous ouvre une page.” écrivait Alphonse de Lamartine. Alors, ici, la gageure est trop grande et Jacques, aussi, aurait aimé vous parler, par exemple, des BD, des beaux livres illustrés qui lui ont enrichi ses connaissances.
Mais, heureusement, maintenant, pour les moins fortunés, grâce aux différents réseaux, on peut acquérir, ce support papier ou numérique, ce “minimum culturel vital”. Et, il faudra, en permanence en surveiller son accessibilité.
À travers les temps, j’entendrais toujours ces voix de Jacques, de chacun d’entre-nous qui différeront selon nos personnalités, nos envies.
Au-delà de ses rêves, dans ses voyages, lorsqu’il naviguait dans la littérature il faisait sienne la pensée de Victor Hugo « La mer est un espace de rigueur et de liberté. ».
Yves COT
©labri-cot (www.labri-cot.eu)
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